Il est des chagrins qui ne tarissent pas
Des chagrins dont l'on découvre la nature
Pendant qu'elle vous immole
On n'avait pas su
On n'avait pas prévu
On ignorait encore tout du désespoir
Et de son inaptitude à s'épuiser
Il est des chagrins qui s'engendrent eux-mêmes
Insatiables de leurs excellentes causes
Et des effets de leurs effets
Des chagrins droits sur leurs raisons d'être
Comme des Néron fatigués
Il est des chagrins à vie
On aimerait ne pas savoir, on aimerait croire aux
bons dieux
Mais chaque effondrement dans les secousses de
leur exigence
Démontre que rien n'est connu, là où ils prennent
naissance
Il est des chagrins profonds comme des agendas
sans passé
Inutiles, persistants
Aimant à s'exhiber, sachant comment faire taire
Toute autre forme de son que celle de leur plainte
Des chagrins inhumains, monstrueux
Nés des millions d'années avant que ne suffoquent
les secousses de leur sanglot