Deuil Equestre








J'ai aimé par à-coups, sans cible
Happée aux flancs par un furieux besoin de croire
Tisonnée, plaidant avec droiture pour les fausses routes
J'ai aimé comme une croisade aux bouts soyeux de soi
Palpitante, sans vie se relevant, presque
Adulant les passivités sombres et les fuites
J'ai cru qu'il était poignant, l'espace
Le lieu à enserrer avec la bouche close 
Le lieu d'où laisser poindre la clarté amniotique à l'ombre de la croix
J'ai aimé tout court, renversant
Dépliant une à une les couches des savoirs tranchants
 Des mille et une vibrations grotesques de la foi
Lapidée jusqu'aux systoles des coûts que je portais, portés à ma ruine
J'ai aimé religieusement la sueur, l'urine, les miasmes
Les fruits de l'autre inqualifiable
Le mystère de mon corps grand ouvert
Guettant l'impact de son propre poids
J'ai aimé pensant sonder les îles, les coraux
Les mollusques laissés là par le frottis des ères
Toucher les arêtes des chants et leur écho
Rire du dérisoire, halètement
C'est une somnolence que je lacère, une plaie sulfureuse
Répandue sur le nerf optique de mon âme
Sanie imprégnée des haussements de l'épaule incrédule
Le doute brassant la validité du don
Un rictus à la vaillance
La peur assidue
Infranchissable borne de l'entendement
Duperie engouée
Dévouée militance
Aveuglement
Tant voulu l'avènement
La quête du vrai sous la salive
Peiné tant
Obstinée au souffle, paume offerte
Cherchant
Yeux clos, la moiteur d'un faisceau sternal







 









Janvier 2015