Il y a une heure qui
penche
Ici, la nuit s'appuie
contre les corps actifs
Comme une paume sur un
front trop chaud
A cette heure-là penchent
L'irruption amorphe des
doutes et des envies
Le doux des anciennes
pertes
Celui des besoins aussi
Tout ça réclamant sa part
On s'écoute bruire en tous
sens
Une heure affaissée
Où tout le limon de toutes
les heures sert de sol
Et l'on sait qu'on marche
sur ce qu'on a tu
S'étale vers l'avant
L'effort répété
L'effort incessant
L'effort brutal à
l'extrême de ce silence
La lumière le perce
Une heure où ce qui
aurait dû se gagner
Dans l'espace proprement
creusé de l'expérience
L'espace courbe de
l'expérience
Ce qui aurait pu s'
éparpiller
Dilué dans le mortier d'un
léger cynisme
Le seul savoir
La belle solidité tragique
du savoir
Cède d'un coup sous la
soudaine remontée
De tant d'autres savoirs
perdus
Leur souvenir
Un souvenir : la tiède
effronterie de la promiscuité